Urgences : TORTUES EN DANGER !
© Berenty-marc gansuana
FACE AU DÉCLIN RAPIDE DES TORTUES ENDÉMIQUES DE MADAGASCAR, HISA S’UNIT AUJOURD’HUI A LA RÉSERVE DE BERENTY AFIN DE CRÉER UN CENTRE D’ACCUEIL ET DE RÉHABILITATION POUR LES TORTUES VICTIMES DU BRACONNAGE !
CONTEXTE
La tortue radiée (Astrochelys radiata) et la tortue araignée (Pyxis arachnoides), espèces endémiques de Madagascar protégées par la réglementation nationale depuis 1960 et classées à l’annexe I de la CITES depuis 1975, font face à des menaces croissantes : le trafic vers l’Asie, leur capture par les particuliers, qui les exploitent en tant qu’animaux de compagnie, le braconnage des adultes ou des œufs pour la consommation locale, et la disparition des habitats forestiers qui les abritent.
Autrefois considérée comme l’une des tortues les plus abondantes au monde, avec une population estimée à 12 millions d’individus (en 2000), la tortue radiée, espèce emblématique de l’île, est maintenant classée en danger critique d’extinction sur la Liste rouge de l’UICN, et pourrait disparaître à l’état sauvage dans les 20 prochaines années.
Il y a donc urgence à mettre en place une stratégie de conservation rapide, complète et efficace !
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La réserve de Berenty, née en 1963, et gérée par Claire De Heaulme – Foulon et sa famille, propriétaires du site, est située dans le sud-est de Madagascar, dans la région Anosy, à 90 km de la ville de Tolagnaro.
Le domaine comprend environ 1 000 hectares de forêts protégées, deux pépinières destinées aux activités de reforestation, un espace de 3 hectares dédié à la protection des tortues.
Depuis sa création, les scientifiques provenant du monde entier fréquentent la réserve de Berenty pour effectuer leurs travaux de recherche. Les études menées sur les lémuriens par la primatologue Alison Jolly pendant presque 40 ans ont fait de Berenty, une réserve de renommée internationale.
En termes de conservation, il est à souligner que la réserve de Berenty abrite un des derniers vestiges de forêt galerie du sud ainsi que la présence à l’état naturel de lémuriens classés «en voie de disparition ». La réserve abrite notamment des Lemurs catta, des Propithecus verreauxi, des Eulemurs Ruffifron & Collaris, des Microcebus murinus, Microcebus griseorufus et Lepilemur leucopus. Ainsi que 102 espèces d’oiseaux, 46 espèces de mammifères… dont des chauves-souris parmi lesquelles la Pteroptus rufus avec une colonie qui varie entre 700 et 1800 individus en saison sèche.
Claire De Heaulme – Foulon (à gauche) et Perrine Crosmary (à droite).
OBJECTIF :
La réserve, située sur l’aire de répartition géographique de ces deux espèces, abrite déjà 1200 tortues et les autorités locales souhaitent lui confier 10 000 tortues radiées saisies à la suite du démantèlement des réseaux de trafiquants. Notre objectif est donc de créer un véritable centre de conservation, dont les missions seront la réhabilitation et la réintroduction des tortues dans les forêts de la réserve, le suivi des populations réintroduites, leur protection contre le braconnage, ainsi que la mise en place de programmes de sensibilisation et d’éducation des touristes et des communautés locales à la préservation des tortues de l’île.
NOS MISSIONS :
- La lutte contre le trafic : récupération des tortues saisies par les autorités locales, après le démantèlement des filières de commerce illégal ou bien après saisies chez les particuliers.
- L’accueil des tortues : les tortues seront hébergées dans une zone adaptée à leurs besoins physiologiques et comportementaux. Elles y seront protégées par des gardiens, soignées et pucées.
- La réintroduction des tortues : lorsqu’elles seront jugées aptes, les tortues seront relâchées dans un environnement adapté et protégé (forêt de Berenty). Un suivi des populations réintroduites sera effectué par des chercheurs locaux et internationaux.
- L’éducation et la sensibilisation : un programme pédagogique sera mis en place sur la réserve et dans les écoles avoisinantes, afin de sensibiliser les touristes et les communautés locales à la conservation des tortues endémiques de Madagascar.
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Réhabilitation
Une parcelle de 3,6 hectares a été mise à disposition pour la création d’un parc permettant d’accueillir et de réhabiliter les tortues. Ce parc est situé à l’orée de la forêt et à proximité du Lodge de Berenty, afin d’assurer une surveillance accrue du site.
Les travaux d’aménagement de la parcelle ont commencé en 2016 par une reforestation avec plantation d’espèces végétales, toutes issues de la pépinière de la réserve. Ces espaces sont composés de plantes typiques de l’Androy, espèces floristiques de forêt épineuse, afin de recréer l’habitat naturel des tortues.
Une clôture à base de figuiers de Barbarie (Opuntia ficus-indica) sans épines, part importante de l’alimentation des tortues en captivité, a également été mise en place afin d’avoir sur place une partie de leur ressource alimentaire, et ainsi, limiter les déplacements de véhicules pour le nourrissage lorsque les tortues seront sur le site de réhabilitation.
Depuis 2019, nous continuons nos efforts de préservation en construisant des barrières tout autour de la zone où nous accueillerons les tortues afin de les protéger des risques potentiels de braconnage.
Réintroduction
Dans un second temps, une fois le centre d’accueil et de réhabilitation construit, nous aménagerons une parcelle de forêt appartenant à la réserve, afin de réintroduire les tortues dans leur environnement naturel.
Pour cela, une évaluation de l’habitat (capacité d’accueil, ressources alimentaires disponibles, structure forestière, etc.) sera nécessaire afin de déterminer la parcelle la mieux adaptée aux besoins de chaque espèce, et le nombre de tortues qu’il est possible de relâcher sur chacune d’elles. Nous souhaitons en effet le maintient de l’équilibre entre l’habitat et les animaux introduits, c’est dans cette optique que nous souhaitons réaliser une étude d’impact environnemental avant d’effectuer toute réintroduction.